Birdman ...un film étrange
Cela fait bien longtemps que je n'étais pas allée au cinéma, tenue éloignée des salles obscures pour les raisons que j'évoquais dans un récent billet. La pression professionnelle ayant repris son cours normal, je " me" consacre un peu plus de temps.
Ayant malgré tout suivi les récents Oscar, j'avais noté l'Oscar du Meilleur Acteur reçu par Michael Keaton , et comme la thématique me paraissait intéressante, cela m'avait donné envie d'aller le voir.
Michael Keaton est un acteur qui m'est familier et a priori sympathique, ce qui m'étonne, car , venant de consulter sa filmographie, je viens de constater qu'il n'y a que très peu de films dans lequel je l'ai vu jouer, et que ce n'est pas les deux " Batman" auquel il a participé qui ont particulièrement marqué ma mémoire.
Dans le film, il joue le rôle de Riggan Thomson, ancienne star ayant incarné le rôle d'un super- héros, qui cherche à reconquérir un public en adaptant , mettant en scène et jouant une pièce de Raymond Carver à Broadway. Il essaie de se donner une légitimité de " vrai" acteur et de reconquérir le public en sortant des circuits mercantiles des grosse productions cinématographiques. On le suit à l'intérieur du théâtre, pendant les quelques jours qui se déroulent entre la fin de répétitions et la première. En déroulant le fil de ces journées, le film nous raconte sa personnalité totalement chaotique, habitée par la voix du super-héros qu'il incarnait.
Le film décrit aussi les pathologies existentielles de ceux qui l'entourent , et qui participent notamment à la réalisation de cette pièce.
Ces autres personnages du film sont tout aussi perturbés, enfermés dans leurs stéréotypes. C'est sans doute la fille de Thomson, joliment interprêtée par Emma Stone, d'apparence fragile , mais qui semble la plus stable au milieu de tout ce chaos, qui est le personnage le plus attachant.
Edward Norton, acteur providentiel, appelé à participer à la pièce, juste avant son lancement, est excellent dans son rôle de comédien totalement imprévisible.
C'est la première fois que je voyais un film de ce réalisateur , Alejandro Gonzáles Iñárritu. Ses choix de réalisation sont encensés par les quelques critiques que j'ai lues, la succession de longs plans-séquence étant considérée comme remarquable. Effectivement, elle sert le propos, pour ce qui est de démontrer la confusion mentale de Riggan Thomson. Mais , j'ai trouvé ce parti pris de réalisation parfois excessif, notamment lorsqu'à chaque fois qu'il y a un dialogue entre deux personnages, la caméra tourne systèmatiquement autour d'eux...j'en ai parfois presque eu le mal de mer.
Je ne sais trop quoi penser de ce film. Intriguant certes, inattendu également. Je ne me retrouve cependant pas dans les éloges que j'évoquais à l'instant. Et si je ne retiens qu'une impression, c'est effectivement la performance d'acteur...mais pas seulement celle de Michael Keaton, celle de tous ceux qui l'accompagnent dans ce film.